Par Guillaume Douet, directeur de l’IEDH.
« Si l’école se concentre sur la mémorisation et le calcul, l’homme sera un jour dépassé par la machine, prévient François Taddei. D’où la nécessité d’enseigner à l’école coopération, créativité, communication, critique constructive et compassion. » ( La Croix du 31 Août 2018)
L’IEDH , spécialiste de la formation des bénévoles , constate que les associations sont justement des lieux uniques de « coopération, créativité, communication, critique constructive et compassion ».
Parmi les 13 millions de bénévoles associatifs, nombreux sont ceux qui se sont développés personnellement : cela a même permis à certains de trouver un emploi.
L’enjeu est fondamental pour les associations. Comment favoriser ce lieu d’apprentissage pour toute personne engagée, particulièrement pour ceux qui sont déjà peu reconnus par notre société.
Compétences et engagement associatif
Depuis le début des années 2000 et la possibilité de valoriser ses engagements bénévoles dans le cadre d’une V.A.E., plusieurs outils d’accompagnement ont été créés, notamment le Passeport Bénévole de France Bénévolat ou le portefeuille des compétences du ministère chargé de la vie associative.
Ont souvent été mises en avant, les compétences classiques ( animer une équipe, gestion de conflits) ou techniques (comptabilité, logistique, évènementiel). Cela répondait aux besoins de la VAE ou aux exigences de certains recruteurs.
Or, depuis quelques années, d’autres compétences, très présentes dans les associations, sont mises en avant, les fameuses « soft skills ».
« Les soft skills, ou compétences comportementales, suscitent de plus en plus l’intérêt des entreprises. Pour être recruté puis être performant au travail, les seules compétences techniques ne suffisent plus. Salariés et manager doivent développer des qualités non professionnelles telles que la créativité ou l’empathie. » Audrey Chabal, sur forbes.fr
Loin d’être « à la remorque » du monde du travail classique, les associations sont depuis longtemps sensibles à ces compétences, que ce soit pour les bénévoles ou pour les salariés. Aucune étude ne démontre qu’elles sont plus présentes dans les associations, mais parmi les 13 millions de bénévoles et les 1,8 millions de salariés du secteur associatif, beaucoup développent ces soft skills, par nécessité ou par conviction.
Qui sont les bénévoles concernés ?
A priori, tous ! Tous les bénévoles peuvent se développer et se perfectionner mais les enjeux sont plus importants pour ceux qui cherchent un emploi.
Le bénévolat a fortement évolué depuis plusieurs années. Les demandeurs d’emploi , jeunes ou en 2ème partie de carrière, sont de plus en plus engagés. Il ne s’agit pas pour eux de faire du bénévolat d’abord pour trouver un emploi mais plutôt de mettre en œuvre des compétences ou de s’engager en tant que citoyen. Ils peuvent en profiter pour se créer un réseau, soit auprès d’autres bénévoles, soit dans les associations.
Que peuvent proposer les associations ?
1 : S’ouvrir à de nouveaux profils de bénévoles.
Par souci d’efficacité ou par simplicité, des associations ont eu tendance ces dernières années à ne chercher des bénévoles que pour leurs compétences. Il s’agissait de trouver la perle rare, déjà formée, rapidement opérationnelle qui pouvait correspondre à une fiche de poste, étrangement similaire à une fiche de poste salariée.
Au contraire, nous proposons aux associations de diversifier leur bénévolat. Elles s’enrichiront de nouveaux profils, par exemple de jeunes très demandeurs de montrer ce dont ils sont capables.
2 : Prévoir plus d’accompagnement des bénévoles, de leur entrée à leur sortie en passant par la case formation. Lors d’un point avec un bénévole sur son engagement, le responsable pourra l’aider à valoriser son engagement.
Voir aussi l’article : Valoriser son bénévolat pour trouver un emploi
3 : Proposer des ateliers spécifiques pour valoriser son engagement.
L’IEDH propose depuis 2 ans des ateliers pour aider des bénévoles à valoriser leur bénévolat pour trouver un emploi.
Ces stages d’une journée sont très appréciés pour plusieurs raisons, ils permettent :
- de mieux concilier engagement associatif et recherche d’emploi
- d’échanger entre « pairs »
- d’avoir des outils concrets
4 : développer des modèles d’organisation apprenante
Le n° 234 de la Tribune Fonda « l’engagement associatif, source d’apprentissage » a très bien traité ce sujet.
Dans son édito, Yannick Blanc, déclarait que « l’association est une « organisation apprenante » avant la lettre, du bénévole au dirigeant, de la dynamique de groupe à la délibération collective, de l’envie d’agir à la stratégie. La bienfaisance, le scoutisme, l’éducation populaire ou l’aide au développement sont autant de terrains d’apprentissage permanent. »
Il me parait donc crucial que les associations ne considèrent pas les bénévoles ou les différents acteurs comme de simples ressources humaines, qu’il suffirait de recruter, gérer, sélectionner selon des compétences.
Il s’agit plutôt de favoriser l’engagement de tous et de « faire société » différemment. Assurément, les associations pourraient être une école du futur .