Le Forum National des Associations et Fondations tenu le 13/11/2024 a été l’occasion de revenir largement sur la situation et les évolutions du bénévolat en France.
L’IEDH a organisé sur ce sujet un atelier réunissant environ 80 personnes.
La réunion a été animée par trois intervenants issus eux-mêmes du milieu associatif :
– Cécile BAZIN Déléguée Générale de l’association Recherches et Solidarités,
– Olivier MATHIEU Cofondateur d’Indaba,
– Guillaume DOUET Directeur de l’IEDH.
Cécile a présenté les principaux résultats de l’enquête réalisée sur la France Bénévole en 2024, résultant de 2 enquêtes complémentaires, l’une réalisée par l’IFOP, l’autre réalisée auprès des bénévoles eux-mêmes.
L’enquête IFOP montre que 24% des Français sont bénévoles en association. Les évolutions majeures concernent :
• la contribution des plus âgés qui diminue tandis que le nombre des jeunes pratiquant du bénévolat est en croissance significative ;
• l’engagement régulier des bénévoles sur la semaine (9% d’entre eux qui constituent comme la « colonne vertébrale » de la vie associative) qui a tendance à diminuer ;
• la « fracture associative » (correspondant à l’existence d’une part moindre des non diplômés parmi les bénévoles) qui continue de perdurer.
Que nous disent les bénévoles eux-mêmes ?
Beaucoup d’entre eux trouvent dans le bénévolat un lieu de découvertes et de lien social (être avec les autres), un point d’engagement citoyen (être dans l’action), un lieu d’épanouissement et d’enrichissement personnel (se réaliser). Pour 45% des bénévoles, l’engagement est synonyme de plaisir et pour 38% une source d’épanouissement. 83% des bénévoles sont heureux !
Parmi les déceptions, figurent surtout des éléments liés à la vie même des associations : manques de moyens financiers ou humains, attentes non réalisées, reconnaissance insuffisante des bénévoles au sein des associations.
Finalement ce que veulent les bénévoles pour eux-mêmes, c’est avant tout être à l’écoute et attentifs aux autres, mener des projets en équipe, renforcer leurs compétences, être à l’aise dans la prise de parole, devenir plus autonomes, mieux gérer leur temps, transmettre leurs savoir-faire.
Aux 24% de français engagées dans le bénévolat, il convient d’offrir les conditions d’un parcours réussi, un parcours que les bénévoles veulent aussi évolutif et diversifié ; et n’oublions pas non plus les 76% de français qui ne pratiquent pas le bénévolat, sont privés de cette source d’épanouissement et privent les associations de leurs talents !
Prenant la parole à son tour, Olivier a confirmé que les évolutions décrites en France se développent aussi en Europe et même sur le sol américain. Il a ensuite proposé un découpage sur les formes diverses du bénévolat, une présentation sans doute encore un peu inhabituelle en France.
Ce travail de découpage permet de mieux cerner l’engagement des bénévoles. Il pose ensuite la question des moyens : de quoi a besoin chaque type de bénévolat pour réussir ? comment adapter l’accueil, la vie d’équipe, la formation etc. selon les besoins ?
On sait qu’aujourd’hui l’engagement est là, peut-être plus qu’hier, mais il faut aller le chercher et c’est plus de travail !
Alors comment faire ? équilibrer les réponses, ne pas recopier systématiquement ce qui marche dans les grosses structures, davantage respecter les droits des bénévoles.
Il appartient à chaque association d’évaluer (ou faire évaluer) ses pratiques, engager un partenariat avec le DLA (Dispositif Local d’Accompagnement de l’ESS), s’intéresser aux productions de France Bénévolat, consulter le Guide du Bénévolat de la DJEPVA etc.
Ensuite chaque association devra choisir les outils les mieux adaptés : pour les petites organisations ce seront par exemple des fiches mission, avec plus de transparence avec les bénévoles, la pose d’un cadre avec des mandats limités ; et puis peu à peu on va aller vers des dispositifs plus complets incluant de la formation, des précisions sur les fins de mandat, etc. Si l’on veut aller plus loin, on peut même envisager des dispositifs incluant la gestion de la performance etc… Bref le spectre est assez large !
Olivier a conclu son intervention en soulignant trois points :
• Tout cela n’est pas gratuit ; le bénévolat mérite d’être soutenu et il faut savoir l’encourager !
• Dans les structures qui ont des salariés, il faut inciter largement ces derniers à travailler avec les bénévoles, et les faire passer de salariés sous contrainte à des salariés professionnels de la coopération avec des bénévoles.
• Pour les bénévoles, la vie associative compte aussi ; il faut donc largement les intégrer dans la vie de l’association.
Intervenant pour clôturer la réunion, Guillaume a souhaité apporter des compléments sur la manière d’accompagner les mutations du monde associatif ; il a proposé aux participants trois questions :
Une première question à se poser est la suivante : le bénévolat est-il une ressource gratuite pour l’association ou est-ce une donnée majeure du projet associatif ?
Lorsque le bénévolat a commencé de se développer, on a souvent plaqué à son endroit des techniques de gestion des ressources humaines. Mais finalement un bénévole est-il d’abord un salarié non payé ou est-ce quelqu’un qui s’engage, un militant, un citoyen ?
Regardons les statuts, le règlement intérieur etc. et demandons-nous ce que nous voulons vivre avec les bénévoles. « Attention, dit Hubert Penicaud (qui anime la Commission Inter Associative de France Bénévolat), à ne pas réduire le bénévole à ce qu’il fait mais bien le considérer pour ce qu’il est. »
Des ouvertures ou contacts possibles (France Bénévolat etc.) ont été cités pour les grandes associations. Dans les associations plus locales, un espace de réflexion se trouve souvent dans les maisons des Associations.
Une deuxième question est aussi souvent posée : L’animation du bénévolat, c’est combien de divisions ? Et bien souvent la réponse à cette question montre un nombre restreint de personnes en charge de l’animation des bénévoles. Or on voit bien que le bénévolat se diversifie, il devient clair que l’animation du bénévolat prend et prendra de plus en plus de temps. Finalement une solution correspondant aux petites associations consiste à former des bénévoles à s’occuper des bénévoles… Dans les plus grandes organisations, il y a souvent des services dédiés à la gestion des bénévoles, que l’on espère proches de la gouvernance…
Une troisième question vient naturellement : quelles formations proposer aux bénévoles ? La réponse est fournie dans l’enquête citée par Cécile et peut se résumer au tableau suivant :
Merci à tous de votre écoute !…
Retrouvez ici la présentation présentée lors de l’atelier
Et retrouvez les articles associés :
La France bénévole 2024 : En face de l’étude réalisée, quelles suites envisager ?
Le choix d’une salle de formation ne doit pas être pris à la légère : il joue un rôle clé dans l’expérience des bénévoles. Un cadre accueillant et bien équipé ne se limite pas à améliorer le confort, il contribue aussi à créer des conditions favorables à l’apprentissage et à l’engagement. Donner envie aux bénévoles de se former, c’est aussi leur offrir un espace chaleureux, pratique et stimulant, où ils se sentent valorisés et motivés.
Critères pour choisir une salle de formation adaptée
Voici les éléments essentiels pour sélectionner un lieu qui répondra aux besoins des bénévoles et maximisera leur participation active :
(Tous les témoignages proviennent des questionnaires de satisfaction de formations IEDH)
- Taille et espace
- Capacité : Suffisante pour accueillir tous les participants sans être à l’étroit.
- Mobilité : Un espace permettant des déplacements et des aménagements flexibles pour des activités participatives (groupes de travail, mise en scène, etc.).
Témoignage :
« Une très bonne condition d’accueil et matérielles. »
- Confort thermique
- Chauffage : Indispensable, surtout en hiver, car un environnement froid peut nuire à la concentration.
- Climatisation ou ventilation : En été ou dans des régions chaudes, il faut veiller à un espace tempéré.
Témoignage :
« Un peu froid, mais super structure avec de l’espace, la cuisine et un super accueil par la responsable. »
- Aménagement convivial
- Coin pause : Un espace dédié à la convivialité avec boissons chaudes et froides, et si possible des collations.
- Disposition : Tables modulables et chaises confortables pour favoriser les échanges.
Témoignage :
« Très bon accueil chaleureux et convivial, avec un petit déjeuner festif J’ai été accueilli dans la joie et la bonne humeur, je vous remercie ! »
- Accessibilité
- Proximité : Un lieu facilement accessible en transport en commun ou disposant de stationnement.
- Accessibilité PMR : Adapté aux personnes à mobilité réduite.
Témoignage :
« Top. Situation centrale pour la région parisienne. »
(Ce témoignage souligne l’importance de choisir un lieu central, car les bénévoles viennent parfois de nombreux endroits.)
- Proximité des sanitaires
- Toilettes : Proches de la salle, faciles d’accès, propres et en nombre suffisant pour éviter les interruptions prolongées pendant la formation.
- Équipements techniques
- Connexion Internet : Une bonne connexion Wi-Fi pour les outils interactifs.
- Matériel audiovisuel : Un vidéoprojecteur, écran ou TV, paperboard, et système de sonorisation si nécessaire.
- Prises électriques : En nombre suffisant pour brancher ordinateurs, tablettes ou autres appareils.
Témoignage :
« Très bonnes conditions (sauf vidéo, peu audible et peu visible…salle très lumineuse). »
- Lumière et ambiance
- Lumière naturelle : Si possible, car elle favorise la concentration et le bien-être.
- Éclairage : Suffisant, sans éblouissement, pour les périodes de faible luminosité.
- Propreté et hygiène
- Sanitaires : Proches de la salle et bien entretenus.
- Propreté générale : Une salle bien entretenue.
- Espaces extérieurs
- Espaces verts : Un environnement agréable pour les pauses. Ils peuvent également servir de lieu pour des travaux en petits groupes lorsque la météo le permet.
- Budget
- Coût : En adéquation avec les moyens de l’association, possibilité de tarifs associatifs ou de partenariat.
- Gratuité ou réduction : Envisager les locaux municipaux ou d’autres associations partenaires.
- Environnement extérieur
- Calme : Une salle éloignée des nuisances sonores pour éviter les distractions.
- Esthétique : Si possible, un cadre qui inspire sérénité et engagement.
Témoignage :
« Très beaux lieux de formation aussi bien dans le 9e et le 6e! Très bon accueil ! Cela est vraiment reposant de ne pas prévoir les repas. Et cela est très sympa de pouvoir boire et manger pendant les pauses. »
En résumé, une salle bien choisie contribue à la qualité de l’expérience des bénévoles en créant un cadre agréable, fonctionnel et adapté à leurs besoins, tout en favorisant les échanges et la participation active.
Guillaume Douet
Cécile Bazin Guillaume Douet
Directrice de Recherches et Solidarités Directeur de l’IEDH
Interviewés par Henry Dufourmantelle, bénévole à l’IEDH
1/ Pourquoi cette enquête IFOP sur la France Bénévole 2024 et pourquoi le BOB (Baromètre d’Opinion des Bénévoles) ?
Cécile
Jusque récemment, l’enquête IFOP avait lieu tous les 3 ans (plus de 3000 personnes interrogées, représentatives de la population française). Mais à partir de 2022, quand on a constaté que le bénévolat après Covid n’avait repris son niveau antérieur, on a demandé à l’IFOP de reprendre son étude en 2023 et 2024. Heureusement l’IFOP a enregistré une reprise de l’engagement et son étude 2024 nous donne une nouvelle occasion d’approfondir les évolutions au sein du monde associatif.
En complément, R&S a mis en place un Baromètre d’Opinion des Bénévoles. il s’agit d’une analyse annuelle réalisée en interne, avec des questions nouvelles ou récurrentes selon les années. Il s’agit là de partir du témoignage des bénévoles pour voir comment ils vivent leur engagement et voir quels enseignements les associations peuvent en tirer pour leur stratégie d’animation, d’accueil, de fidélisation des bénévoles.
La préoccupation de Recherches et Solidarités, c’est d’améliorer la connaissance, suivre les évolutions du secteur associatif, en partager les résultats avec tous les acteurs de l’écosystème associatif.
Guillaume
L’intérêt de ces études régulières, c’est finalement surtout de permettre aux dirigeants de prendre du recul par rapport aux évolutions du monde associatif, de pouvoir sortir des représentations qui ne sont pas toujours le reflet de la réalité.
2/ Qu’apporte de particulier le partenariat instauré entre Recherches et Solidarités et l’IEDH ?
Guillaume
Travailler en partenariat est un des fondamentaux de l’action associative. Pour l’IEDH, le travail en commun avec Recherches et Solidarités nous permet d’avoir une vision statistique, pragmatique de ce qui se passe autour de nous ; nous avions déjà travaillé ensemble en 2018 et il nous semble naturel de reprendre aujourd’hui cette coopération.
Cécile
Outre la facilité et le plaisir de travailler ensemble, l’expertise de l’IEDH notamment sur les notions de savoir-faire ou savoir-être, sur la formation comme moyen essentiel de développement, nous paraît déterminante. Recherches et Solidarités a pour habitude de s’entourer de partenaires pour bénéficier de leur expertise sur des sujets communs et/ou complémentaires. Sur le sujet du bénévolat, l’équipe de R&S sollicite, chaque année, de nombreux partenaires pour avoir leur avis sur le questionnaire du BOB et bénéficier de leurs moyens de diffusion de l’enquête.
3/ Les principaux enseignements de l’enquête IFOP : Peut-on établir un lien entre les commentaires généraux de l’enquête (voir synthèse ci-dessous) et d’autres observations d’ordre économique, social, culturel faites par ailleurs sur la France d’aujourd’hui ?
La recherche de sens, qui s’accroît, notamment chez les plus jeunes, dépasse largement la France bénévole…
De même la fracturation constatée entre les bénévoles diplômés et les autres est une expression des multiples fracturations de la société actuelle (fracture sociale, économique, territoriale…).
Attention toutefois aux clichés et aux généralités : il y a une grande diversité de situations dans le monde du bénévolat, comme d’ailleurs au sein de la société française.
4/ Concernant les réponses apparues dans le BOB cette fois, une observation importante porte sur la passion et la générosité qui perdent de l’importance, alors que la citoyenneté, l’action et le souci d’être utile augmentent… Quelles évolutions les associations pourraient-elles conduire pour transformer ce message en action ?
L’étude IFOP et le BOB montrent qu’il y a aujourd’hui une diversification de l’engagement, dépendant du profil d’engagement, des motivations, de l’âge. Cette diversification demande donc aux associations de faire de plus en plus de sur-mesure : diversifier les parcours d’accueil et d’engagement, adapter les formations. Les associations sont ainsi amenées à consacrer de plus en plus de temps à accompagner l’engagement et le bénévolat. Un bénévole n’est pas seulement de la « ressource gratuite », il n’est pas un salarié non rémunéré. Il a besoin de temps pour être accueilli, formé, écouté.
5/ Concernant les souhaits pour demain, il y a des réponses demandant plus d’engagement et de travail, d’autres au contraire demandant un engagement moindre en temps et une organisation plus souple avec du télétravail ; le télébénévolat permettrait-il de mieux répondre aux attentes des uns ou des autres ?
Le facteur temps est évidemment essentiel dans l’engagement du bénévole. Et trop souvent les associations s’appuient sur les habitudes acquises en mode présentiel. L’évolution se dessine en valorisant le sur-mesure ; mais attention toutefois au fait que le télébénévolat ne convient pas à tout le monde !
Par ailleurs le fait de vouloir plus de responsabilités ne signifie pas systématiquement un désir de participer davantage à la gouvernance de l’association. Ce peut être seulement un désir d’autonomie et liberté dans le périmètre d’un bénévolat de terrain !
Guillaume
On voit tout de même clairement ici que les réponses des bénévoles sont différentes des représentations que les dirigeants d’associations se font généralement quand ils désespèrent de ne pas pouvoir trouver leurs successeurs. D’où l’intérêt de passer du temps avec les nouveaux bénévoles pour répondre pleinement à leurs attentes.
Car un bénévole mécontent ne dira pas toujours pourquoi il veut partir, il dira souvent qu’il n’a pas plus de temps disponible.
6/ parmi les attentes exprimées par les bénévoles, la formation occupe une place importante.
Quelles pistes nouvelles pour le monde associatif ?
Ce qui frappe dans les réponses des bénévoles, c’est à la fois la diversité des types de formations attendues et aussi le taux élevé d’intérêt pour la formation.
Le mot formation couvre en fait aussi bien le partage d’expérience en interne ou externe, l’alliance entre action et réflexion, l’appui du distanciel en complément du présentiel, l’acquisition de savoir-faire autant que de savoir-être ; bref il appartient à chacun (l’association, l’organisme de formation, la personne désirant se former) de définir sérieusement l’objectif de formation, les moyens mis en place et l’évaluation.
7/ L’acquisition ou le renforcement des compétences sont largement soulignées. Est-ce bien ce que proposent les associations aux bénévoles ?
Guillaume
Sans doute les organismes de formation ont-ils répondu à la demande des associations en voulant renforcer en priorité les compétences dures (le savoir-faire) ?
On s’est rendu compte que l’on oubliait sans doute un peu les compétences douces et plus encore on s’est rendu compte de l’importance à donner à l’esprit collectif. Aujourd’hui notre offre se déroule sur tous ces aspects, sans en oublier aucun.
La 1ère étape consiste à accueillir des bénévoles ; ensuite la 2ème étape consiste à définir avec chacun d’eux un parcours individuel incluant activité, formation, acquisition de compétences, etc.
Cécile
Les questions sur les compétences douces ont été posées cette année pour la 1ère fois. Et elles ont aussitôt été largement commentées : l’altérité, le collectif, faire des choses ensemble arrivent en tête des réponses. L’enquête permet de mettre en avant tout ce que l’engagement peut apporter comme compétences nouvelles et aptitudes. Il faut faire attention cependant, à ne pas donner une image du bénévolat qui pourrait être perçue comme « élitiste » et dissuader les personnes déjà les plus éloignées de l’engagement (les moins diplômés). Au contraire, il convient de lever les obstacles qu’ils rencontrent pour participer à la vie associative (freins économiques, culturels…), les encourager à s’impliquer et les accompagner dans leur parcours bénévole pour qu’ils bénéficient de tout ce qu’ils peuvent en tirer.
8/ En conclusion le BOB souligne toutes les diverses potentialités de la vie associative.
Ne serait-ce pas un peu trop beau pour être vrai ?
Cécile
Lieu d’épanouissement personnel, lieu de découvertes et d’échanges, lieu d’information et de formation, la vie associative se montre à la fois plus riche et plus diverse qu’on le dit généralement. Mais l’étude montre des évolutions rapides auxquelles les associations doivent s’adapter sans délai, et souvent avec difficultés. Rendre compte des points positifs ne veut pas dire s’endormir !
Guillaume
Au moment où l’isolement social est important, le lien associatif paraît particulièrement précieux !
Pour autant écouter davantage les besoins des bénévoles, revoir l’organisation des associations, oser de nouvelles pratiques, paraissent nécessaires !
L’IEDH s’est associé à Recherches & Solidarités pour cette nouvelle édition de la France bénévole.
Cette 19ème édition aborde pour la première fois les savoir-faire et les savoir-être acquis dans le bénévolat. Elle est réalisée en partenariat , avec une volonté de partage de ces résultats inédits avec les acteurs, observateurs et décideurs qui s’intéressent à la vie associative.
Après le COVID, des changements s’accélèrent
Confirmation de notre enquête IFOP 2023, avec, en janvier 2024*, un ensemble de bénévoles associatifs, correspondant à 24% des Français, comme en 2019 : soit environ 12,5 millions de personnes engagées dans une association au moins, dont 5,5 millions en action chaque semaine.
Les 25-34 ans sont de plus en plus nombreux à s’engager (30% en 2024 pour 22% en 2019), quand les 70 ans et plus perdent 10 points pour n’être que 24% aujourd’hui.
En 2024, 9% des Français sont présents chaque semaine dans leurs associations, ils étaient 10% en 2019 et 12,5% en 2010.
Ces tendances fragilisent la colonne vertébrale des associations, à savoir celles et ceux qui les font vivre au quotidien qui se trouvent privées de l’expérience et de la disponibilité des seniors.
La « fracture associative », correspondant à un taux d’engagement dans les associations plus faible parmi les moins diplômés, s’est accentuée en 2024 au point qu’aujourd’hui seulement 15% des Français de formation modeste sont bénévoles contre 33% parmi les titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Cette situation est tout autant dommageable pour les associations que pour que pour celles et ceux qui se trouvent privés d’une source de plaisirs, de rencontres et d’épanouissement.
Le moral des bénévoles en 2024
Le « baromètre d’opinion des bénévoles » 2024** pointe aussi quelques évolutions : si le souhait d’être utile et d’agir pour les autres reste la motivation première (85%), l’épanouissement personnel faiblit au fil des années, tout autant en termes de ressort d’engagement qu’en termes de satisfactions.
Volontaires et mobilisés autour d’une cause ou d’un projet, les bénévoles sont, en 2024, plus souvent déçus par les effets limités des actions menées par leur association (27% contre 23% en 2022). Animés par cette volonté d’être efficaces et utiles, ils souhaiteraient avant tout être aidés par d’autres bénévoles (34%) et suivre des formations (33% et jusqu’à près de 50% avant 50 ans). Ils précisent, des formations bien adaptées au contexte et aux besoins de leur association, dispensées par des professionnels mais aussi grâce à des partages de connaissances entre membres de l’association et à des échanges d’expériences inter associatifs.
Être bénévole aujourd’hui
Pour les bénévoles eux-mêmes, c’est d’abord synonyme de plaisir pour 45% d’entre eux, surtout chez les 35-49 ans et les 60-70 ans, ainsi que chez les moins diplômés. Pour 38%, c’est avant tout une source d’épanouissement personnel, plus encore dans l’éducation populaire et la santé. Pour certains (8%), les inquiétudes l’emportent et pour 5% le bénévolat peut aller jusqu’à la désillusion (plus nombreux entre 50 et 59 ans ainsi que dans le sport et l’environnement).
*Enquête IFOP réalisée en janvier 2024 auprès de 3 155 personnes de 15 ans et plus (échantillon représentatif de la population française).
** Enquête en ligne du 15 février au 22 avril 2024 auprès de 3 920 bénévoles d’horizons différents.
Parmi une douzaine d’expressions, les bénévoles se reconnaissent d’abord comme un citoyen engagé (58%), signe d’une non indifférence aux affaires du monde, que l’on rapprochera de quelqu’un qui se veut acteur (41%) et d’un militant (12%). Ces trois expressions recueillent sensiblement davantage de suffrages qu’en 2019. Inversement la générosité (33%) et la passion (25%) perdent un peu de terrain en cinq années.
Des intentions de faire plus demain
Si 16% souhaiteraient avoir davantage de responsabilités, 6%, au contraire voudraient les réduire. Dans le même sens, 20% des bénévoles voudraient donner plus de temps quand 14% souhaiteraient lever le pied, pour eux-mêmes ou pour se consacrer davantage à leurs proches.
Parmi les perspectives positives, le mécénat de compétences poursuit sa percée avec 27% de bénévoles tentés par l’expérience en 2024 ; ils étaient 23% en 2022 et 20% en 2019.
Une source d’épanouissement et d’enrichissement personnel
Toujours d’après les bénévoles, l’engagement permet de développer un large éventail de savoir-faire et de savoir-être. Quels que soient leur âge et leur situation personnelle, il leur permet avant tout d’être à l’écoute et attentif aux autres (70%), aussi d’apprendre à mener des projets en équipe (52%) et, un peu plus loin, de renforcer des compétences (40%, en baisse corrélée avec l’âge). Pour environ un quart des bénévoles, leur engagement leur permet d’être plus créatifs, plus autonomes, plus à l’aise en public, plus aptes aussi à affronter des situations difficiles.
Tous ces savoir-faire et ces savoir-être sont acquis et renforcés avant tout grâce aux échanges au sein de l’association, aux partages d’expériences, aux formations et aux conseils… On comprend pourquoi 44% des bénévoles souhaitent transmettre leur savoir-faire, à tout âge et plus encore passé 70 ans (55%). On comprend aussi que, forts de tout ce qu’ils peuvent puiser dans leur engagement, 80% des bénévoles ont à cœur de le transposer dans leur vie personnelle et professionnelle.
Télécharger l’étude
A l’occasion du Forum National des Associations et Fondations tenu le 18/10/2023, l’IEDH a animé devant plus de 60 participants un atelier réunissant
Pauline Delhumeau, Responsable Formation à la Société de Saint-Vincent-de-Paul,
Hubert Pénicaud, Référent Vie Associative à France Bénévolat,
Guillaume Douet, Directeur de l’IEDH.
Voici les principales interventions qui se sont succédé au cours de l’atelier :
Guillaume:
Nous sommes ravis d’animer cet atelier en partenariat ; Pauline va d’abord nous apporter un témoignage de terrain ; ensuite nous serons invités à prendre un peu de recul avec Hubert ; enfin je viendrai vous apporter l’expérience vécue par l’équipe IEDH au cours de ses chantiers récents…
La prise de responsabilité des bénévoles n’est pas un problème nouveau, mais ce sujet semble marqué actuellement par une double tendance :
-
D’un côté, on constate l’existence de beaucoup de bonnes volontés et les candidats au bénévolat associatif ne manquent pas.
-
D’un autre côté, les associations nous disent leur difficulté à trouver des bénévoles désireux d’assumer des responsabilités, soit à l’échelon local ou régional, soit dans la gouvernance de l’association (participation au Conseil d’Administration).
Pauline:
La Société de Saint-Vincent-de-Paul est l’une des plus anciennes institutions de solidarité en France ; elle est présente dans 95 départements et anime 15000 bénévoles…
Pour moi, la prise croissante de responsabilité des bénévoles suppose le respect de trois étapes successives :
1/ Ce que je constate d’abord, c’est la joie de nos bénévoles ; ils ont manifestement envie de s’engager à nos côtés… Prenons le temps de constater cette joie !
2/ Cette joie se manifeste en équipe ; et c’est bien en équipe que l’on peut le mieux faire face aux difficultés, mener des actions concrètes et améliorer les relations humaines.
3/ Vient enfin la question de mieux organiser l’équipe, de lui permettre d’affronter des défis nouveaux. Il nous a fallu innover et trouver de nouveaux modes d’organisation correspondant à l’époque actuelle ; par exemple nous avons développé la co-responsabilité là où nous avions une seule autorité auparavant ; nous avons aussi proposé aux responsables de prendre des mandats plus courts mais reconductibles permettant le maintien dans le temps des responsabilités.
France Bénévolat anime une commission inter associative (CIA) composée de plus d’une trentaine de membres (réseaux associatifs nationaux issus de divers secteurs).
Effectivement, voilà longtemps que la CIA s’intéresse à la mobilisation des bénévoles, et grosso modo, on sait faire. Mais plus récemment, en particulier à l’occasion du Covid, la CIA a été largement sollicitée sur le défi consistant à envisager une prise accrue de responsabilité des bénévoles. C’est une nouvelle problématique !
On s’est d’abord rendu compte qu’en additionnant l’apport des uns et des autres, nous avons trouvé par nous-mêmes de nombreuses solutions ; elles sont multiples et leur mise en commun constitue évidemment une première tâche centrale.
Un autre point clé tient dans la nécessité d’embarquer avec nous les dirigeants de nos associations. Pour cela il faut leur apporter une synthèse élaborée, qui comporte non seulement une argumentation sur les changements souhaitables mais aussi l’énumération des moyens nécessaires en ressources, en disponibilité, en formation. Nous y travaillons.
Il faudra aussi proposer comme une boite à outils susceptible de répondre aux préoccupations du plus grand nombre. Le faire de façon inter associative nous paraît la meilleure solution. Nous avons d’ailleurs un exemple réussi concernant la place des jeunes dans le monde associatif. Grâce à un travail en commun mené par 3 associations, nous avons pu avancer de façon significative sur le sujet.
Guillaume:
Revenons maintenant à l’expérience de l’IEDH auprès des associations désireuses de favoriser la prise de responsabilité des bénévoles.
Avant de faire appel à un candidat ou de lancer une campagne de mobilisation, il faut réfléchir à ce que l’on veut faire des bénévoles prenant une nouvelle responsabilité.
Pour nous, une solution souvent proposée tient dans l’application de la méthode SCARF :
- S comme Soutien (tutorat, compagnonnage etc.)
- C comme Communication : les bénévoles souvent ne connaissent pas les missions à pourvoir ; à quoi servent ceux d’entre eux qui prennent des responsabilités ? sont-ils heureux ? on mesure ici tout l’effort de communication à déployer !
- A comme Associativité : le pouvoir n’est plus celui d’un seul homme, il est celui d’une équipe, que l’on retrouve dispersée et mobilisée dans une association. Que veut-on faire ensemble (et ne pas seulement être une coquille abritant un intérêt fiscal) ?
- R comme Ressources : pas de développement sans ressources associées !
- F comme Formation, avec toutes les formes que peut prendre ce mot, avec tous les objectifs multiples qu’il peut comporter (formation d’une personne seule, formation d’équipe, formation à la gouvernance etc.)
Merci de votre écoute.
A votre disposition pour continuer cet échange en nous contactant sur le site ou sur le stand de l’IEDH !
Retrouvez aussi nos formations « administrateur d’une association : quel est mon rôle? »
Interview de Guillaume Douet (Directeur de l’IEDH)
réalisé par Henry Dufourmantelle (bénévole à l’IEDH)
Henry: Pourquoi de nouvelles formations au catalogue de l’IEDH ?
A l’occasion de chacun de ses chantiers, l’IEDH s’efforce d’identifier les besoins des organisations partenaires ; ces besoins apparaissent à la fois dans la demande initiale mais aussi au fur et à mesure des réponses que les formateurs de l’IEDH apportent.
Ensuite et avec nos partenaires, notre équipe formalise les problématiques concernées, identifie les meilleurs pratiques ou solutions à leur apporter, et généralise la démarche en l’insérant dans notre catalogue.
Cette année, quatre nouvelles actions de formation sont proposées :
- Mieux comprendre l’isolement social
- Mieux connaître les acteurs et dispositifs de l’action sociale en France
- Mieux vivre les situations d’interculturalité
- Accompagner à la scolarité
Henry: Ces 4 formations représentent-elles toutes les nouveautés proposées par l’IEDH ?
Guillaume:
Certainement pas ! Les formations mentionnées correspondent sans doute à l’attente d’un plus grand nombre et c’est pour cela que nous leur donnons une large diffusion.
Nos actions de formation sont de plus en plus diversifiées ; certaines correspondent à des demandes de nouveaux interlocuteurs, d’autres se réalisent dans le cadre de partenariats long terme mais dont le contenu s’avère évolutif ; pour chacune d’entre elles, nous vérifions que notre réponse correspond à l’attente terrain des personnes participant à nos formations, comme si nous voulions faire du neuf jour après jour !
L’ensemble de nos actions et méthodes est résumé dans notre nouvelle plaquette de présentation.
Henry: Peux-tu dire un mot sur chacune des 4 nouvelles formations ?
Guillaume:
Concernant la formation pour mieux comprendre l’isolement social, nous sommes partis du constat relatif au vieillissement de la population en France ; Jean François Serres (un des spécialistes reconnus sur le sujet et membre de notre équipe) nous a largement aidés à creuser le domaine ; nous voyons aujourd’hui que cette problématique concerne un nombre grandissant de bénévoles, salariés et volontaires appartenant au monde associatif.
Concernant les formations à l’interculturalité ou à la connaissance des acteurs de l’action sociale, notre équipe a animé plusieurs sessions de formation et sent le besoin de toucher des publics plus larges.
La formation à l’accompagnement de la scolarité répond quant à elle au besoin de construire une formation originale, pratique et courte (les bénévoles exprimant peu de disponibilité ou de goût pour se perfectionner).
Henry: Un mot de conclusion pour cette fin d’été ?
Guillaume:
J’aime à penser que l’IEDH vient de fêter ses 25 ans !? Occasion de souligner la pérennité de nos valeurs humanistes, reconnaître les évolutions majeures du milieu associatif et l’adaptation correspondante de nos équipes, s’engager une fois encore (comme nous le faisons avec ces nouvelles formations) face aux enjeux qui font difficulté et que nous participons à résoudre !
- Mieux comprendre l’isolement social : Etienne Lamblin
- Mieux connaître les acteurs et dispositifs de l’action sociale en France : Etienne Lamblin
- Mieux vivre les situations d’interculturalité : Violaine Bollotte-Stroebel
- Accompagner à la scolarité : Thérèse Debouverie
Vous pouvez prendre contact avec l’un ou l’autre de ces responsables : contact@iedh.fr
Notre nouvelle plaquette: 2023 – IEDH-dépliant 3 volets – formations – web
Le 12 septembre dernier, l’IEDH a fêté ses 25 ans ! Une centaine de personnes se sont retrouvées dans ce tiers-lieu au nom très évocateur «Les Amarres» arrimé le long des quais de Seine à Paris.
25 ans de rencontres, d’amitiés, de partage, d’engagement, de fidélité que nous avons fêté dans la joie de nous retrouver tous, anciens et nouveaux, formateurs, administrateurs, salariés, clients, partenaires, stagiaires, bénévoles, amis.
Nous avons reçu à la suite de cette soirée ces trois témoignages que nous sommes fiers de vous partager.
Anne Laure Joly, formatrice à l’IEDH nous écrit :
Hier c’était les 25 ans de l’IEDH (Institut Européen de Développement Humain), organisme de formation au sein duquel je mène une partie de mes activités. Une belle fête dans le tiers lieu @les amarres.
Eh bien, je suis fière de faire partie de ce collectif de formateurs et formatrices qui ont tous et toutes une jambe dans l’IEDH et une jambe dans d’autres activités dont l’expérience vient nourrir ce que nous faisons ensemble.
Fière de faire partie d’un organisme de formation associatif aux services de l’activité d’associations. On parle toujours mieux de ce que l’on connaît et expérimente soi même !
Fière de faire partie d’un organisme de formation qui prend autant soin des relations.
Nous intervenons dans 4 champs principaux, en construisant les formations après une écoute active des besoins des associations qui s adressent à nous.
4 champs d’expériences et expertises :
– Le soutien à la vie associative (bénévoles, équipes, gouvernance…)
– La connaissance de soi et la relation aux autres (écoute, communication, postures, etc)
– La compréhension des processus d’exclusions et pauvreté pour une action plus ajustée (clés de compréhension des processus d’exclusion, prévention de l’agressivité, développement du pouvoir d’agir avec les personnes,…)
– Le champ des relations familiales et parentales (écoute, médiation,…).
Merci Guillaume pour la confiance accordée il y a un an.
Et merci aux membres de ce collectif pour la Coopération construite au fil des mois !
L’association Vacances et Familles nous partage leur témoignage :
Notre association a eu le plaisir de participer aux 25 ans de notre partenaire IEDH. Un bel événement avec au menu rencontres, convivialité et sensibilisation sur la question de la formation.
Depuis plusieurs années nous faisons appel à cette association pour former nos bénévoles à l’écoute active, à la valorisation de la diversité culturelle, à la recherche de nouveaux bénévoles, à la parentalité… L’IEDH nous accompagne toujours et encore pour donner les moyens à nos bénévoles de poursuivre leurs missions et leur action dans les meilleures conditions.
Merci Guillaume ainsi qu’à toute ton équipe pour ce moment chaleureux et humain auquel ont participé notre trésorier Patrick Carrouër et notre responsable de communication Arwa Zarraa.
Nous vous souhaitons encore un bel anniversaire et que notre collaboration perdure dans le temps !
De même, Louis Bailly, co-fondateur de l’IEDH, nous confie :
Ce petit mot pour dire à l’équipe organisatrice un très grand merci pour la réussite de ces retrouvailles et bravo pour ce magnifique moment d’amitié partagée.
C’est vrai que j’ai vécu avec intensité et une joie profonde cette soirée, témoignage formidable pour l’équipe fondatrice de la pertinence des choix faits et de l’engagement de ceux qui nous ont rejoints au cours de ces 25 années.
Que tous soient remerciés pour leur présence; souhaitons que d’autres occasions nous donnent le prétexte de revivre un tel moment.
Avec toute mon amitié et ma reconnaissance.
Avant-propos
Lors des échanges avec les acteurs associatifs, l’équipe de l’IEDh remarque un accroissement de l’épuisement des bénévoles. Celui-ci se manifeste parfois par des plaintes mais aussi par des comportements d’évitement ou des conflits.
Les motivations des bénévoles sont variées et par conséquent la source de leur épuisement aussi.
La pause de l’activité bénévole est nécessaire en cas d’épuisement mais la prise de recul pour mieux comprendre ce qui se passe est indissociable. Il nous semble que les associations doivent aider à cette prise de recul par l’accompagnement, c’est à dire proposer des échanges et des formations qui facilitent la prise de conscience et une motivation renouvelée.
Dans un premier temps, nous avons interviewé sur ce sujet Hélène de Monclin, formatrice IEDH, et Benoit Pesme, Responsable du Réseau France à la Société de Saint-Vincent-de-Paul.
Un autre article suivra avec des témoignages de bénévoles.
Guillaume Douet, Directeur de l’IEDH
Interview
Hélène de Monclin, Formatrice à l’IEDH
Benoit Pesme, Responsable du Réseau France à la Société de Saint-Vincent-de-Paul
Interviewés par Henry Dufourmantelle, bénévole à l’IEDH
Henry : Pourquoi ce sujet est-il devenu un vrai problème ?
Benoit
Il peut paraître effectivement paradoxal que des bénévoles qui s’engagent dans une action à titre volontaire (et qui donc choisissent librement les contraintes qui vont être les leurs), en viennent quelquefois à connaître des situations graves de déséquilibre, pouvant aller jusqu’au burn-out. Et pourtant cela arrive…
En fait les bénévoles choisissent souvent de se donner sans compter (corps, esprit, rythme de vie etc.) jusqu’à oublier leur vie personnelle, leurs engagements familiaux ou sociaux antérieurs. Ils ont le cœur plein d’élan et se heurtent vite aux difficultés du cadre imposé par la réglementation et/ou le fonctionnement des associations qu’ils ont rejointes.
Se battre contre les règles juridiques, remplir des papiers, devoir rendre des comptes, les bénévoles ne sont pas venus pour ça et pourtant y consacrent beaucoup de temps et d’énergie. D’où une frustration qui grandit et s’exprime sous forme de colère, de lassitude, de mal être dans leur engagement associatif.
Hélène
Le don de soi peut en effet épuiser la personne bénévole qui veut pourtant donner le meilleur d’elle-même : sentiment d’impuissance à résoudre les problèmes qui la dépassent, inconfort de retourner à une vie plus facile après le service rendu, fatigue grandissante malgré l’expérience…
Dans bien des cas, la transition entre le don matériel (nourriture, vêtements, logement etc.) et l’accompagnement d’une personne en précarité suscite une difficulté : donner est souvent gratifiant immédiatement ; par contre accompagner, c’est-à-dire entamer et poursuivre une relation, n’amène pas toujours une satisfaction sur le moment ; il faut accepter d’y passer du temps, se défaire de son ego pour s’intéresser vraiment à quelqu’un de profondément différent, laisser l’autre aller vers un futur qui nous est inconnu et ne dépend pas de nous.
Henry : Quel enseignement vous a appris la période Covid + confinement ?
Benoit
Ce fut une période difficile, autant pour les bénévoles que pour les personnes servies par le milieu associatif ; les rassemblements n’étaient plus autorisés, la rencontre – qui est l’objet même de la Société de Saint-Vincent-de-Paul – devenait rare ou interdite.
Il a fallu proposer aux équipes des actions plus simples (faire moins et le faire mieux, être mieux dans sa mission) et travailler sur la confiance nécessaire entre bénévoles.
Nous nous sommes rendu compte que l’échange de bonnes pratiques et le partage des bénévoles en équipe sur ce qu’ils vivent restent des éléments déterminants notamment quand l’environnement est difficile.
Henry : Une formation proposée par l’IEDH a pour titre « Prendre soin de soi, s’engager sans s’épuiser ». Le contenu de cette formation ne vous paraît-il pas un peu trop tourné vers le bien être des bénévoles et insuffisamment sur la réussite de leur engagement ?
Hélène
En même temps que l’on encourage le mouvement associatif, pourquoi ne pas aider les bénévoles à maîtriser les difficultés rencontrées au fur et à mesure de leur action ?
Nombreuses sont les associations qui ont pris conscience qu’elles doivent prendre soin des bénévoles qui rejoignent leur mouvement ; et il leur arrive de constater comme un changement de dynamisme de ces derniers au bout d’une première période d’engagement.
Henry : A quoi mesure-t-on l’épuisement d’un bénévole ?
Hélène
Souvent il s’agit essentiellement d’un épuisement moral : à quoi sert ce que je fais ? je n’arriverai pas à changer le cours des choses ! je ne vois pas les conséquences de mon action !…
D’autres réactions peuvent aussi se produire : la colère, l’éparpillement, le mal être…
Benoit
On voit aussi des difficultés dans la conduite des équipes, une absence de recul devant les difficultés, une incompétence à gérer les crises ; la violence exprimée par des personnes en détresse, les conflits intergénérationnels par exemple deviennent difficiles à gérer.
Henry : Quel est alors l’aide proposée à un bénévole épuisé ou au bord de l’épuisement ? Sans doute autant de bénévoles, autant de solutions envisageables !?
Hélène
Une première idée est tout simplement de prendre un peu de repos… Pourquoi ne pas faire une pause, diminuer son investissement ? avec un peu de recul et la fatigue qui disparaît, ce sera plus facile d’y voir clair ! cela permettra aussi de mieux définir quel est l’engagement pris par chacun ? est-ce bien moi qui veux être bénévole ? ou ai-je pris cet engagement pour répondre à des invitations extérieures, ne suis-je pas dépendant d’une image que je veux offrir aux autres ?
Une deuxième idée est de proposer au bénévole d’approfondir ce qui le nourrit profondément.
Souvent, en creusant les raisons de son épuisement, le bénévole se rend compte qu’il porte sur lui-même l’image de quelqu’un d’indispensable, qu’il se sent porteur de quelque chose que les autres assurément n’ont pas. Dès qu’il se rend compte que les personnes à aider ont elles aussi des atouts à mettre en œuvre et vont se développer par elles-mêmes, il va pouvoir déposer son excès d’énergie et finalement aller mieux.
Pour beaucoup de bénévoles, l’essentiel du changement à opérer consiste donc à se décentrer de soi-même et porter un regard de dignité, poser un projet de développement sur les personnes en précarité qui l’entourent…
Quand on est clair là-dessus, c’est plus facile de dire oui à ce qui me fait vivre et de dire non aux invitations contraires. Des exercices peuvent m’aider à reprendre la maîtrise de mes réponses positives ou négatives à la vie qui m’entoure.
Si la réponse vis-à vis d’un engagement associatif est difficile à trouver, il peut être proposé à la personne bénévole de s’intéresser à ses autres engagements (associatifs, professionnels, personnels ou familiaux etc.)
Benoit
L’essentiel est effectivement de revenir sur l’objectif poursuivi par le bénévole : comment être heureux dans l’action déployée ? comment passer à l’acte en étant pleinement investi, en donnant le meilleur de soi-même sans surestimer ses forces ?
Il faut aussi souligner l’importance du cycle d’intégration qui va permettre de préparer chacun à sa nouvelle activité, en mesurer à la fois la grandeur mais aussi ses contraintes et et ses limites… Souvent d’ailleurs ce cycle préparé avec des formateurs de l’extérieur peut faciliter la prise de recul et l’expression des vraies attentes de chacun.
Depuis le Covid, nous savons aussi ne pas attendre les crises et assister de façon efficace les équipes dans leur fonctionnement régulier.
Henry : Finalement comment résumer l’intérêt d’une formation « anti-épuisement » pour les bénévoles ?
Hélène
L’objectif de la formation est finalement de surmonter les passages moins porteurs, de retrouver et tenir son engagement dans la durée, d’y trouver son épanouissement.
Benoit
Savoir-faire et savoir être sont complémentaires mais ne se confondent pas. Nous invitons les bénévoles à se déployer sur chacune de ces deux dimensions sans les confondre.
par Marie de la Rivière, formatrice IEDH.
Bénévoles, professionnels, parents, les agendas et les préoccupations se multiplient…
Parmi les principales questions que chacun se pose :
Comment gagner en temps et en efficacité au quotidien ?
Comment mettre au cœur de mes priorités ce qui est important (et non pas ce qui est urgent) ?
Comment retrouver le temps de rire, tout simplement d’être heureux ?
Ce que la formation peut vous apporter :
Comprendre mieux vos points forts et points faibles concernant la gestion de votre temps.
Appliquer les bases de l’organisation à la gestion de vos papiers, mails etc.
Retrouver le temps de faire ce qui est vraiment important.
Reprendre confiance en vous, dominer votre stress et fixer vos priorités.
Pédagogie utilisée :
Une journée avec alternance de temps d’échange, de théorie, de prise de recul et d’exercices pratiques personnalisés liés au vécu de chacun.
Quelques témoignages d’anciens participants :
En m’inscrivant à ce module, j’étais d’abord curieuse et demandeuse d’outils concrets, pensant apprendre plein de choses.
Finalement, j’ai eu la joie de prendre conscience de certaines de mes réussites dans mon organisation, ce qui encourage à appliquer immédiatement les outils proposés dans la formation, facilement applicables pour la plupart.
Mes premières réticences quant à la formule en distanciel ont immédiatement fondu, grâce au support papier (à imprimer au préalable) qui a permis des exercices pratiques conjointement aux apports théoriques, et grâce à l’excellente mise en route de la formation (en petites équipes). Méthode pédagogique efficace faisant tomber la barrière virtuelle ! Bravo et un immense merci !
Cécile, Paris février 2023, Référente Chantiers-éducation AFC
Prendre une journée entière sur ce sujet était déjà pour moi un acte posé pour décider de changer.
J’ai réalisé que j’avais beaucoup de temps perdu par des interruptions variées. Je le savais mais je me suis « arrêtée » sur ce point à cette occasion.
Dire que j’ai réellement changé mes habitudes depuis la formation serait mentir !!
J’ai cependant décidé de poser mon téléphone ailleurs lorsque j’avais besoin d’être concentrée et efficace sur une tâche : et cela fonctionne très bien.
Même si l’ensemble de mes activités est fait de micro-tâches, je m’efforce désormais de me consacrer entièrement à une tâche à la fois et je trouve cette approche profondément unifiante.
j’ai apprécié la dynamique, les différents supports utilisés, et la variété des outils proposés. En une seule journée, nous avons partagé de nombreux trésors.
Hélène, Paris février 2023, formatrice
L’IEDH propose régulièrement des formations d’une journée pour les membres de conseil d’administration d’associations : Administrateur d’une association : quel est mon rôle?
Les échanges entre acteurs de différentes structures sont très riches et complètent les apports
« théoriques ».
Nous avons recensé quelques questions d’administrateurs et d’administratrices :
« Pourquoi moi ? pour faire quoi ? »
« Est-ce bien utile de contribuer à la vie d’un Conseil d’Administration ? »
« Comment rester moi-même dans ce nouveau cadre ? »
Ce qui devient familier après la formation :
Mieux connaître le rôle des uns et des autres.
Identifier ma valeur ajoutée au Conseil d’Administration.
Mieux voir comment utiliser tous mes talents dans l’association.
Quelques témoignages d’anciens participants :
« Je venais chercher des principes à mettre en œuvre, des règles à respecter.
Mais finalement j’ai appris tout autre chose : le plus important, c’est de partir de ce qui ne marche pas ou pas bien, et de voir comment le faire mieux marcher en utilisant les rouages et le dynamisme de l’association. Se montrer actif, imaginatif, aider l’association à accepter les nouveaux défis.
Formation bien animée et finalement plus qu’utile ! »
Bertrand, Paris, novembre 2022, administrateur d’une association d’aide aux plus précaires.
« La formation a été très intéressante ; en synthèse, voilà les quelques points clé qui m’ont le plus intéressé :
– Le Conseil d’Administration s’occupe de la stratégie, pas de l’opérationnel. C’est d’autant plus vrai que l’association est importante.
– Le Conseil d’Administration est un lieu d’histoire ; il rassemble souvent des personnes qui ont de l’ancienneté, sensibles aux transitions nécessaires avant d’évoluer.
– Le Conseil d’Administration ne devrait pas être perçu comme un organe opaque. »
Alain, Paris, novembre 2022, administrateur national d’une association d’éducation populaire.
« Formation riche notamment du fait de la diversité des participants.
J’ai pu mesurer la spécificité de l’association à laquelle j’appartiens.
Pour moi aujourd’hui la tâche essentielle des Administrateurs consiste à aider l’association à prendre du recul, à améliorer la gouvernance de l’institution avec les opérationnels d’un côté et les financeurs d’un autre côté. »
François, Paris 2021, président d’une association locale de prévention spécialisée.
Prochaine formation à Paris le jeudi 16 mars 2023.
Informations et inscriptions : Administrateur d’une association : quel est mon rôle?