Avertissement
Ce qui s’écrit sur l’ennéagramme avant le vingtième siècle est très hypothétique : personne ne connaît véritablement les origines de l’ennéagramme et plusieurs sources sont évoquées. On ne peut pas non plus repérer les chemins d’une transmission historique de l’ennéagramme, et d’autant moins que, vraisemblablement, la transmission aurait été principalement orale.
Pour autant, il est certain que des philosophes et des « sages » ont vécu autour du bassin méditerranéen dans l’antiquité et qu’ils ont développé des moyens de mieux se connaître, des approches didactiques et symboliques, et des pratiques vertueuses ou ascétiques parmi lesquelles on peut voir des correspondances avec ce que nous nommons aujourd’hui ennéagramme. Il est raisonnable de penser que ces philosophes ou ces sages aient pu influencer des mystiques chez qui on repère ces correspondances : des chrétiens (moines et pères du désert), puis des musulmans (l’ennéagramme semble encore transmis par certains soufis, branche mystique de l’islam).
Tout ceci constitue des enjeux de recherche intéressants pour des historiens, mais n’apporte pas, en l’état actuel des connaissances, d’éléments d’authentification et de crédibilité pour l’ennéagramme en tant que méthode, et encore moins en tant que démarche « spirituelle ».
Au contraire, rechercher cette « origine » et cette « filiation » (hypothétiques) nous semble confusant et peu déontologique.
Au 20ème siècle
A/ La question de Gurdjieff
Plusieurs auteurs font de George Ivanovitch Gurdjieff (1872(?) – 1949), l’inventeur ou le transmetteur de l’ennéagramme en occident au début du vingtième siècle. Né sur les bords de la Mer Noire, G. Gurdjieff est confronté à différentes religions et cultures. Il rêve d’associer la sagesse de l’Orient à celle de l’Occident et développe un enseignement ésotérique intégrant la figure en neuf points de l’ennéagramme. Arrivé en France en 1922, il fonde à Avon, près de Fontainebleau, l’Institut de développement holistique de l’homme.
B/ Oscar Ichazo et sa “descendance”
Né en 1931, ce fils de haut fonctionnaire bolivien a été initié très tôt à l’ennéagramme au cours de ses voyages au Moyen-Orient. Professeur en psychologie, il enseigne à l’Institut de psychologie appliquée de Santiago du Chili. Il retrouve la correspondance entre les neuf bases et les neuf passions.
En 1970, il organise un stage de onze mois à Arica (à la frontière entre le Chili et le Pérou) où viennent se former une cinquantaine de chercheurs du monde entier, dont Claudio Naranjo.
- Claudio Naranjo
Médecin chilien, Claudio crée et anime des équipes de recherche autour de l’ennéagramme. Il initie le travail en panels de personnes de la même base. Deux participants des groupes de Naranjo vont jouer un rôle important dans la transmission de l’ennéagramme : Bob Ochs et Helen Palmer.
- Bob Ochs
Père jésuite, il participe, dès 1971, au groupe de travail de Naranjo à San Francisco. Il est particulièrement intéressé par des liens qui lui semblent évidents entre « les idées du centre mental supérieur » des points 3, 6 et 9 du triangle et les vertus théologales : la Foi, l’Espérance et la Charité ; ainsi que par le sens des flèches qu’il interprète en rapport avec les mouvements de consolation et de désolation décrits par Ignace de Loyola dans Les Exercices.
Il enseigne l’ennéagramme à l’Université Loyola de Chicago. A partir de l’enseignement de Bob Ochs, l’ennéagramme se développe dans les milieux chrétiens.
- Helen Palmer
Docteur en psychologie, elle réside à San Francisco et participe depuis 1974 aux équipes de recherche de Claudio Naranjo, après avoir travaillé sur les 9 styles d’intuition.
Elle développe le système des panels qui avait été mis au point par Naranjo. Et elle monte avec David Daniels une formation de formateurs à l’Université de Stanford.
C/ Les premières publications
- Premier livre en 1984
Trois étudiants de Bob Ochs : le père O’Leary, Maria Beesing et Robert Nogosek publient en 1984 le premier livre sur l’ennéagramme, au départ banni de la tradition orale. C’est ainsi que l’ennéagramme est passé dans le domaine public.
Le livre est traduit en français en 1992 : « L’ennéagramme, un itinéraire de la vie intérieure» (Editions DDB).
- Première conférence internationale de l’ennéagramme à Stanford en 1994
Elle réunit les différentes écoles et aboutit à la création de l’Association Internationale de l’Ennéagramme (IEA).
Voir: Présentation / Déontologie